Je n’aurais jamais imaginé assister à un tel désastre industriel européen. La faillite de Northvolt, déclarée le 12 mars 2025, sonne comme un coup de tonnerre dans le secteur stratégique des batteries pour véhicules électriques. Ce champion suédois était pourtant présenté comme le fer de lance de l’industrie européenne face aux géants asiatiques. Avec plus de 13 milliards d’euros mobilisés depuis sa création en 2016, comment un tel navire a-t-il pu sombrer aussi rapidement? Laissez-moi vous expliquer cette débâcle que j’ai observée avec une certaine stupéfaction.
Les causes profondes de l’échec du champion européen Northvolt
Northvolt s’est effondrée après s’être placée sous le régime américain de protection des faillites en novembre 2024. Malgré l’intérêt manifesté par divers partenaires et investisseurs, l’entreprise n’a pas réussi à conclure les accords nécessaires à sa survie. Un comble quand on pense aux soutiens de poids dont elle bénéficiait!
Vous vous demandez ce qui a mal tourné? J’ai identifié deux facteurs principaux:
- Une ambition démesurée qui a outrepassé les capacités réelles de l’entreprise
- Des défaillances notoires dans l’efficacité industrielle et la gestion opérationnelle
Les retards à répétition et les surcoûts vertigineux dans la montée en puissance de sa gigafactory de Skelleftea, située dans le nord de la Suède, ont progressivement fait fuir les commandes. Les investisseurs ont finalement perdu patience au moment même où le plus difficile semblait être derrière eux. Quelle ironie du sort!
Lors de mes discussions avec plusieurs experts du secteur, j’ai pu comprendre que Northvolt avait sous-estimé les défis logistiques liés à l’implantation de sa gigafactory dans une région isolée du nord de la Suède. Ce choix, motivé par l’accès à une énergie renouvelable bon marché, s’est finalement révélé problématique pour l’acheminement des matériaux et le recrutement de personnel qualifié.
L’impact économique de la faillite du géant suédois des batteries
La chute de Northvolt résonne comme un avertissement pour l’ensemble du secteur. Après Britishvolt en 2023, voilà qu’un second acteur majeur disparaît. L’Europe voit s’éloigner sa vision d’une indépendance dans le domaine crucial des batteries pour véhicules électriques.
Les conséquences économiques sont multiples :
- Des milliers d’emplois directs et indirects menacés
- Des investissements publics considérables potentiellement perdus
- Une dépendance accrue envers les producteurs asiatiques
- Un coup dur pour la transition écologique européenne
Certains critiquent l’Union européenne et le gouvernement suédois pour ne pas avoir sauvé à tout prix cette entreprise stratégique. Mais je me dois de nuancer: l’argent public n’a pas vocation à renflouer systématiquement les investissements hasardeux du secteur privé, aussi prometteurs soient-ils initialement.
L’argent investi aurait pourtant pu être utilisé pour renforcer d’autres secteurs industriels, comme celui des machines-outils dont les flexibles jouent un rôle clé dans leur efficacité, un domaine où l’Europe conserve encore quelques atouts face à la concurrence internationale.
Investisseurs principaux | Montant approximatif | Type d’investissement |
---|---|---|
Volkswagen | 4 milliards € | Capital |
Goldman Sachs | 3 milliards € | Capital |
Banque européenne d’investissement | 2,5 milliards € | Prêts |
Gouvernement allemand | 2 milliards € | Subventions |
Québec | 1,5 milliard € | Prêts et subventions |
Quelles perspectives pour l’industrie européenne des batteries
Malgré ce revers considérable, je reste convaincu que tout n’est pas perdu. L’enjeu crucial maintenant est de sauvegarder les technologies développées par Northvolt. Il serait catastrophique que ces innovations tombent entre les mains de concurrents non-européens après tant d’investissements.
Deux visions s’affrontent pour l’avenir. D’un côté, certains politiques comme l’eurodéputé Pascal Canfin appellent à un « Airbus de la batterie« , concentrant toutes les ressources financières et industrielles européennes en un seul champion. De l’autre, les économistes du groupe de réflexion Bruegel préconisent de soutenir plusieurs innovateurs plutôt que de mettre tous nos œufs dans le même panier.
Je penche personnellement pour cette seconde option. La diversification des approches me semble plus résiliente face aux défis technologiques et économiques. D’ailleurs, pourquoi ne pas envisager des partenariats technologiques avec les leaders asiatiques comme CATL ou Samsung? Cette stratégie a porté ses fruits dans d’autres secteurs, notamment pour la filière nucléaire chinoise.
L’échec de Northvolt doit nous inciter à repenser notre approche. Lyon, où j’observe régulièrement les dynamiques industrielles, abrite justement plusieurs PME innovantes qui pourraient contribuer à une stratégie plus diversifiée et plus résiliente dans le secteur des batteries. Ces entreprises à taille humaine, souvent plus agiles, méritent aussi notre attention.
Les leçons à tirer de cette débâcle industrielle
Cette faillite nous rappelle brutalement que les ambitions industrielles doivent s’accompagner d’une exécution impeccable. Vous conviendrez avec moi que la course à la gigantomanie peut se révéler périlleuse quand les fondamentaux opérationnels ne suivent pas.
L’Europe devrait peut-être s’inspirer davantage des méthodes pragmatiques que j’observe chez certains entrepreneurs lyonnais: progression par étapes, validation rigoureuse des processus industriels avant tout changement d’échelle, et diversification des risques.
Je reste néanmoins optimiste. Cette faillite pourrait paradoxalement libérer des énergies et des talents qui iront nourrir d’autres initiatives européennes dans le domaine des batteries. Les technologies développées par Northvolt constituent un héritage précieux qui ne doit pas disparaître avec l’entreprise. Si l’Europe veut véritablement jouer un rôle dans la transition vers la mobilité électrique, elle devra tirer les enseignements de cet échec retentissant.